Entre fiction urbaine et reportage, « Roman Noir (My Istanbul by Night) » est un travail constitué de photographies nocturnes prises dans les bars, les ports et les rues d’Istanbul entre 2010 et 2015. Cette série met en scène des personnages au passé trouble et au destin incertain dans une sombre cité intemporelle. Bercé par Blade Runner, H. P. Lovecraft, Charles Baudelaire et la littérature cyberpunk, j’ai en effet trouvé en Istanbul la mégapole éternelle à la fois protagoniste et toile de fond d’un drame labyrinthique pour femmes fatales et héros solitaires. Hors cadre, l’indicible guette, mais la fuite est vaine : on n’échappe pas à soi-même. Ponctuées d’éclats et de fulgurances, ces photographies de soirées débridées, déambulations nocturnes et scènes portuaires sont un reflet onirique de ce que fut une partie de mon quotidien stambouliote. Elles sont les reliques de dix années qui m’auront marqué à jamais et un témoignage de ce que fut le cosmopolite quartier de Beyoglu, cœur du soulèvement avorté de 2013, avant que la politique de renouvellement urbain ne commence à en gommer les aspérités sulfureuses. Initialement publiée dans le numéro 66 (mai-juin-juillet 2020) du magazine turc de photoreportage İz, cette série a par la suite été enrichie et exposée en mai 2022 à l’hôtel Mercure Centre Comédie de Montpellier dans le cadre de la XXe édition des Boutographies.
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